» Ne rien dire, rien faire, marquer un temps d’arrêt, ployer, se redresser, se faire un reproche, être debout, aller à la fenêtre, dans le mouvement changer d’avis, retourner à sa chaise, encore être debout, aller à la salle de bain, fermer la porte, ouvrir ensuite la porte, aller à la cuisine, ni manger ni boire, retourner à la table, être lasse, tenter quelques pas sur le tapis, se rapprocher de la cheminée, la regarder, la trouver terne, tourner à gauche jusqu’à la porte principale, revenir à la pièce, hésiter, continuer, juste un peu, un brin, s’arrêter, tirer le côté droit du rideau, puis l’autre côté, regarder le mur. » –
Etel Adnan
L’instant donné.
En joyau d’âme.
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En fait, j’ai procédé à un découpage arbitraire dans le texte (j’aime bien les découpage arbitraires :)…
Mais je vous livre la suite…
« Se réveiller, s’étirer, sortir du lit, s’habiller, tituber vers la fenêtre, s’extasier sur la beauté du jardin, observer la qualité de la lumière, distinguer les roses des jacinthes, se demander s’il a plu dans la nuit, établir un contact avec la montagne, remarquer sa couleur, regarder si les nuages se déplacent, arrêter, aller à la cuisine, moudre du café, allumer le gaz, faire chauffer de l’eau, l’entendre bouillir, préparer le café, éteindre le gaz, verser le café, décider d’y ajouter du lait, retirer la bouteille, verser le lait dans la casserole en aluminium, le faire chauffer, être attentive, verser, mélanger le café avec le lait, sentir la chaleur, porter la tasse à sa bouche, boire, reboire, faire face aux corvées du jour, être debout et aller dans la cuisine, revenir et allumer la radio, monter le volume, entendre que la guerre contre l’Irak a commencé. »
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Ce texte me touche beaucoup. Merci.
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