Touffeur d’été


en lisière

le regard figé

dans la blancheur

je griffe

des mots à l’ongle –

non pas pour dire

mais pour alléger

le jour

Chloe Meynier

Cela et autre chose



flocons de brume

sur le trottoir tiède

cela et autre chose

parfois je voudrais

n’avoir plus rien

à écrire

ou seulement

des phrases légères

les laisser venir

puis les assembler

Hülya Cömert

Conseil pour le temps présent

.

Avant tout

tu dois croire

que le jour survient

quand le soleil se lève

Mais si tu ne le crois pas,

dis oui.

Ensuite,

tu dois croire

et de toutes tes forces,

que la nuit survient,

quand la lune se lève.

Si tu ne le crois pas,

dis oui,

ou approuve en hochant la tête,

cela ils l’acceptent également.

.

Ilse Aichenger

Martin Parr

Ce qui vit en toi



je me souviens

maintenant

on pleure

dans la pièce

nous sommes

seuls

tu sautes

de la table

tu souffles

je m’agrippe –

l’instinct

déjà

à vif

rien ne tombe

rien ne tient

dehors

le sol hésite

Minnie Evans

.

(de) Corps, maisons, tumultes

.

La femme qui coud

vit dans le feuillage

d’un hiver sans oiseau.

Mais l’aube. Mais le temps.

Mais le garçon glacé

qui déchire les poèmes

qu’il n’écrivit jamais.

Roue de feu qui délire.

Obscur sans bleu

des mots frottés de mort.

.

Jacques Izoard

Jam Southam

Ce que j’en sais


même

si le temps fait

juter l’os

la somme reste

identique –

le jour nourrit

la souche

et la nuit

un peu après

perce l’ennui

Bharat Sikka

Ce que le ciel observe


de l’endroit

où je vis

des visages

remontent le temps

ni pareils

ni différents

ils traversent

silencieux

les brumes

de novembre

Margharita Chiarva

Mantra



la nuit

à peine

de nous pour nous

sur le papier

à voix basse

j’écris –

mille fois la rivière

mille fois la rivière


mille fois la rivière

Caroline Dufour

(de) Poteaux d’angle

.

Il faut un obstacle nouveau pour un savoir nouveau. Veille périodiquement à te susciter des obstacles, obstacles pour lesquels tu vas devoir trouver une parade… et une nouvelle intelligence.

Henri Michaux (texte et image)

Je me mens


de ma place

je vois

sur la table

l’homme qui marche 

et la verseuse pleine

de café noir

aussi ces oiseaux

gonflables

accrochés aux branches

des yeux – les tiens

qui fuient par

le côté

la grille est ouverte –

peut-être

est-ce la veille

ou le jour d’après 

Egon Schiele