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Une vitre opaque dérange parfois la matière du monde
élague le rêve du regard
et nous fait toucher ce que nous ne voyons pas
.
La réalité se concentre alors sur un insecte
apparemment exclu,
sur sa mort sans style,
sur le calice inerte de sa minime histoire.
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La réalité s’égoutte,
patiente distillation
qui mouille la vitre opaque
et aussi nos doigts.
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La réalité est une histoire
minime et voilée.
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Roberto Juarroz
Dan Mattews
Quand j’ai lu la poésie de Juarroz la première fois, j’ai senti que je venais de faire une rencontre comme on en fait peu. Et ma petite-fille, à neuf ans, a eu une réaction semblable.
Elle sait que j’aime l’entendre lire à voix haute. Elle pige dans mes livres et me fait la lecture. Et le jour où elle a lu :
» La mort parfois nous frôle les cheveux,
nous dépeigne
et n’entre pas.
Est-ce une grande pensée qui l’arrête?
Ou peut-être pensons-nous
quelque chose de plus que la pensée même? »
(I,2)
elle m’a dit qu’elle venait de découvrir son poète préféré.
(merci)
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XI – 6
«On frappe à la porte.
Mais les coups résonnent au revers,
Comme si quelqu’un frappait de l’intérieur.
Serait-ce moi qui frappe ?
Peut-être les coups de l’intérieur
Veulent-ils couvrir ceux de l’extérieur ?
Ou bien la porte elle-même
a-t-elle appris à être le coup
pour abolir les différences ?
Ce qui importe est que l’on ne distingue plus
frapper d’un côté
et frapper de l’autre ».
Votre petite fille a très bon goût et je ne suis pas loin de partager son avis.
Merci à vous deux…
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