le frisson des feuilles
à la force du vent
avec ce vol d’oiseaux qui occupe le gris
du ciel
jalousement
mutité
du jour qui se lève
l’air est douloureux mais
le poème bruit de
l’intérieur
Toutefois reste le vent dans les os
et le vent partout
lorsque la mer se retire
. et que tu crois – mais un instant seulement ! –
que tout s’arrête là
et que tu fermes les yeux en attendant
de ce monde
ou d’un autre peut-être
un signe différent
. un réveil assuré
d’une possible béatitude, un jour
Roberto Veracini
Quelque chose ment que je t’ai perdue,
je le croirais presque.
Il fait maussade et de l’humilité tout plein.
Le cœur se cabre,
l’œil brûle.
De larme aucune.
En pleurs n’est que la nuit dehors.
Isolement.
Texte et image de Paul Klee
Le temps passé dans une chambre où tout est noir reviendra plus tard. Alors j’apporterai une petite lampe et je vous éclairerai. Les gestes confus se préciseront. Je pourrai donner un sens aux mots qui n’en avaient pas, et contempler l’enfant qui dort en souriant.
Est-il possible que ce soit nous-mêmes en vieillissant ? Il y a quelques morceaux de ruines qui tombent. Ceux-là ne se relèveront plus. Il y a aussi quelques fenêtres qui s’éclairent. Et devant la porte un homme solide et doux qui connaît sa force et qui attend. Il ne reconnaîtrait pas lui-même son visage.
Pierre Reverdy
Il n’y a pas de porte. Tu y es
Et le château embrasse l’univers.
Il ne contient ni avers ni revers
Ni mur extérieur ni centre secret.
N’attends pas de la rigueur du chemin
Qui, obstiné, bifurque vers un autre,
Qu’il ait une fin. De fer est ton destin
Comme ton juge. N’attends pas l’assaut
Du taureau qui est homme et dont, plurielle,
L’étrange forme est l’horreur du réseau
D’interminable pierre qui s’emmêle.
Il n’existe pas. N’attends rien. Ni cette
Bête au noir crépuscule qui te guette.
Jorge Luis Borges