(de) Un bruit de verre en elle

.

une femme elle reste à la fenêtre elle ne

se jette pas par-dessus bord elle n’ouvre

pas elle regarde la vitre ou quelque chose

dehors derrière la vitre on n’en sait rien

elle ne dit rien de ce qu’elle voit est-ce

qu’elle voit seulement et puis son front

il est collé ça fait de la buée sur cette vitre

qui la sépare du monde

.

Albanne Gellé

Nick Mehedin

Ici et là

.

le dimanche 

et la blancheur des rues

.

flottant

dans le lacis désert

arbres

grilles

lucarnes et

douce lumière

.

ou bien

indiciblement

le corps

au hasard qui pousse hors de

la portée

Yiannis Hadjiaslanis

Hélène Dorion

.

« J’ai compris que, si je m’engageais pour la vie dans ce chemin qu’était l’écriture, il ne s’agirait pas seulement de “faire des livres”, l’un après l’autre, mais que ce serait une manière d’apprendre à vivre, à être, à aimer – pour le dire banalement, mais sincèrement : à devenir un meilleur être humain –

Hélène Dorion

Aube

.

dans l’humide lumière

du matin

acccroché au maigre fil

tendu

de

.

ce qu’était l’hier – meubles

murs et luminaires

les choses à qui je prête vie – il ne reste que

le fauteuil et la table sur laquelle

j’écris

Chase Middelton

(de) Arrière-plans

.

Dormeur solitaire

Je ne rêve rien

Qu’on ne puisse rêver

Je vois la nuit en face

sans me voir

quant à vous vous troublez

ça et le miroir

entre les vieux nuages

ainsi je ne suis seul qu’avec vous

et ma propre absence

prête à être écrite

.

Christophe Mahy

Hanna Putz

Sans titre

.

Pas un rayon encore,

le vert sèvère des feuillages,

l’étendue du ciel pâle

et presque rien ne bouge

ni se fait entendre,

nous avons franchi la porte,

tiré les chaises et la table

devant ce paysage de l’aube

au sortir d’une nuit incertaine.

.

Paul de Roux

Zao Wou-ki

Au feutre

.

dans le fatras

des images obscures êtes-vous

seulement couchée ? coraille

l’oiseau de proie

.

une chose imbibe la nuit

la distance ou peut-être ces mots qui piétinent

dans le froid

.

plus en-dessous

le destin au fond de

son trou

Marie Bouttier

Poème réversible

.

sur un coin

de nappe est un visage à qui

je prête en quelques traits

un corps et la vie

puis

à mon tour

je me coule

dans l’épaisseur du papier

et nous voilà un long moment

tous deux sans mot dire

à nous départager

Joseph Hofer

.

Mise en abyme

.

de saigner

la langue avec des mots crânes

il advient que l’œil empiète

une proie

visage logé dans la partie basse

du miroir

corps en transit ou encore

cri sauvage qui divise en deux

la nuit

Laura Letinski

(de) Errer mortelle

.

Pour seules vivres

l’os du chemin

rongé par la lumière

.

pauvre est le sol

où s’use la pierre

sous les rafales  du vent

.

citernes vides

remplies d’échos

sources taries dans l’air hautain

.

le chemin n’est que poudre d’os

dans la paume de la terre

.

José-Flore Tappy

Serge Clément