Naître

 

Naître en prenant le temps l’espace

comme on prend un train pour ailleurs

pour des vergers comme des pages

d’abeilles butinant le blanc

quand l’allégresse des enfants

surgit de la légende fraîche

du linge qui gifle le vent

 

Raymond Farina

ImageRaphaël Lonne

 

 

l’Homme-marron


le ciel

ne retient rien

ni la chaleur ni l’ombre

des nuage


le vent hésite

entre deux rives

à chaque fois

il oublie l’adresse


l’homme

surveille le fleuve

la picolette elle

chante dans sa cage

 

Philippe Jacottet

 » Simplement, il est sûr que tout poème, pour moi, est toujours donné par un choc émotif, imprévisible, une surprise, et ne saurait exister sans cette impulsion initiale. Il s’écrit plus que je ne l’écris vraiment, dans un état de disponibilité intérieure, comme entre veille et sommeil. Certes, il peut y avoir ensuite des retouches, mais jamais un travail acharné qui ne pourrait que le détruire. »

Philippe JACOTTET

 

Image   http://www.bloglagruyere.ch/2014/03/27/jaccottet-sur-papier-bible/

(de) Sable mouvant

 

(…) Alors
Je prie le ciel
que nul ne me regarde
Si ce n’est au travers d’un verre d’illusion
Retenant seulement
Sur l’écran glacé d’un horizon qui boude
Ce fin profil de fil de fer amer
Si délicatement délavé
Par l’eau qui coule
Les larmes de rosée
Les gouttes de soleil
Les embruns de la mer.

Pierre REVERDY

Image Tsuruko Yamazaki

 

 

Don Delillo

« Lorsque j’écris avec ma machine, je produis des caractères bidimensionnels, un a, un b ou un c par exemple. Ils sont plats mais je les perçois pourtant comme tridimensionnels, comme une sculpture que je peux toucher. Quand on compose un mot sur une page blanche, je considère que c’est comme travailler à une sculpture, comme malaxer de la glaise ou travailler du marbre. Dans les mots et dans les phrases, il y a un attrait esthétique qui n’a strictement rien à voir avec le sens. » – Don Delillo

Imagehttp://www.lesinrocks.com/2010/08/26/livres/don-delillo-je-nen-sais-pas-plus-que-le-lecteur-1126560/

Charles Baudelaire

Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience.

C’est surtout de la fréquentation des villes énormes, c’est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n’avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d’exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu’aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue ?

Charles Baudelaire / Préface de Le Spleen de Paris

Image http://www.magazine-litteraire.com/