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doux
est l’instant
où nous pouvons voir
les yeux fermés
plus haut que le mot donné
ou la chose qui s’organise
l’invisible est
la force qui nous détient

. Florent van Roeckel
Si l’on prend le langage en tant que tel, entité autonome, corps vivant, et qu’on le dégage de sa fonction utilitaire, outil de communication et d’échange entre les hommes pour le fonctionnement de la société, la langue est nue, mise à nu dans la lumière, et sa nudité est pure violence. Les mots cessent d’être de la menue monnaie qui circule, valeur d’usage et valeur d’échange. Les mots sont les étoiles scintillantes d’une constellation à l’état naissant. Ou les gouttes d’eau d’un torrent rapide. Ou les grains de sable d’une grève insoupçonnée (…) – Jacques Dupin
Portrait de Jacques Dupin – Francis Bacon
« Avant de savoir si j’apprécie ou pas le texte que j’ai sous les yeux, j’aime à ce qu’il ne ressemble à rien de connu. Dès qu’un référent se superpose ou reste en filigrane, la lecture perd beaucoup de son intérêt pour moi. On peut bien sûr déceler dans un poème des résonances, des résurgences, des influences, mais ce qui est vraiment décisif, ce sont les sonorités inédites, les alliages de sons et de sens qui n’avaient pas encore été tentés, risqués, expérimentés. »
André Velter
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» Il n’y a pas de mots plus poétiques que d’autres. Car la poésie n’est pas plus dans les mots que dans le coucher du soleil ou l’épanouissement splendide de l’aurore – pas plus dans la tristesse que dans la joie. Elle est dans ce que deviennent les mots quand ils atteignent l’âme humaine, quand ils ont transformé le coucher du soleil ou l’aurore, la tritesse ou la joie.
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Pierre Reverdy in « Cette émotion appelée poésie » (1950)
« Ne jamais faire de violence à sa propre âme ; ne jamais chercher ni consolation, ni tourment ; contempler la chose, quelle qu’elle soit, qui suscite une émotion, jusqu’à ce que l’on parvienne au point secret où douleur et joie, à force d’être pures, sont une seule et même chose : c’est la vertu même de la poésie. »
Simone WEIL – « Écrits historiques et politiques »
Ciel plus limpide
que nuit d’été.
On sent
le mouvement de la terre.
Insimulable, manque la senteur du foin,
la festive sirène
le murmure
des amants.
Antonio Osirio
Je dois maintenant
désormais je dois
serrer mes lignes
que nul n’en sorte.
Ne plus refuser
le nom et la voix
ne pas recouvrir
la pierre reverdie.
Loi des heures
passant noircies,
la parole amputée
la loi du silence.
Et la peur d’arracher
un mot au marbre
un soupir à l’ombre
un cheveu au sommeil.
Jean Todrani
Anna Maria Maiolino
http://festivaldelhistoiredelart.com/festival/edition-2013/lart-et-lephemere/