cinq l’or du matin dissipe les visages de la nuit m’animant je tire le songe vers le papier blanc mais sitôt sortant de sa cage la bête silencieuse revient Bruno Munari
quatre un homme nu ruisselant dans l’éponge d’un drap et cette ombre tapie dans son dos l’ombre s’écarte sourit le songe devient alors l’endroit où nous vivions autrefois – que fais-tu ici me demandes-tu d’une voix blanche Josef Hofer
trois au plus obscur descendent les scripts de l’intime ils vont jusqu’aux lieux défendus d’où nous regardent incrédules des créatures informes qui disent être nos semblables le silence de leurs voix fondues dans l’oubli Bekki Komei
deux un visage resurgit caché sous la peau bouche froncée de peur œil noyé jusqu’à l’effacement sueur tiède et rance la joue appuyée sur une main – simple prothèse qui pend au bord d’un creux Ataa Oko
La chose – un « Il n’y a que des mots justes à trouver pour épeler / appeler la chose » Danièle Faugéras Aloise Corbaz
Le bûcher le souffle du froid la buée aux lèvres l’hiver se lève et je vis encore les fenêtres ouvertes la chambre boit la lumière passe une heure puis deux j’hésite – longtemps j’ai cru que nos vies nous suivraient et que nos marées peut-être un jour s’accorderaient Caroline Dufour
Ne pas savoir est Bouddha au soir lentement jusqu’à sentir ta main caresser ma nuque j’éteins la lampe – la lumière ne peut décider de tout et reprenant le mantra qui nourrit l’hiver – mille fois la rivière mille fois la rivière mille fois la rivière je souris comme sourirait un petit vieux Caroline Dufour
Effusion et dans ce rien si dense quelque chose veille – un fil tendu de la gorge au ventre pas même une pensée juste le poids de rester là sans nom sans nuit et l’oreille ouverte à ce qui ne vient jamais Caroline Dufour
Drôle de vie tout de même sans l’appel de l’autre l’ombre douloureuse se replie sur elle-même Caroline Dufour
Mantra la nuit à peine de nous pour nous sur le papier à voix basse j’écris – mille fois la rivière mille fois la rivière mille fois la rivière Caroline Dufour