Creuser
– seule loi, pour qui encor s’obstine
à désirer : l’espace autour de nous
a fondu, là-bas n’est plus
qu’au-dedans – seul
labyrinthe
Sylviane Dupuis
SMITH
Creuser
– seule loi, pour qui encor s’obstine
à désirer : l’espace autour de nous
a fondu, là-bas n’est plus
qu’au-dedans – seul
labyrinthe
Sylviane Dupuis
SMITH
la trace
fine –
presque effacée
de ce qui insiste
non pour peser
mais pour que le souffle
tienne
comme cet instant
à peine
filament sur la joue
qui glisse
sans bruit
au-dessus de l’os

Serge Clément
on n’en fait rien de
la neige
(toute l’épaisseur de
ce monde dans une fenêtre)
tout juste se demande-t-on
comment ce sera une fois
que tout aura fondu
si la vie sera la
même
et si c’est bien la neige
qui bloque les siens
dans le
silence
Sophie G. Lucas
Sigmar Polke
ce mot
sans bord ni creux
ne dirait pas le nom des choses
il serait un passage
et sans même ouvrir les yeux
tu saurais qu’il reste
quelque chose de sain et sauf
tu lancerais alors
dans un souffle à peine –
je n’efface rien
j’habite en moi

je cherche
un mot –
poreux peut-être
qui ne nierait ni la nuit
ni les murs lézardés
ni les corps encore tremblants
d’avoir aimé
ce mot serait un tesson tiède
dans la paume ouverte
il pourrait
garder la beauté de ce qui fut
sans jamais rien
commettre

sur l’épaule
se pose
la main légère du temps
puis un souffle
dans l’attente muette d’un mot
d’un frisson
mais la pierre
en creux
garde encore le son de ton pas
l’œil vacille – pleurer
ou s’ouvrir
il ne tranchera pas

Harry Gruyaert
D’autres phrases plus proches que les miennes
D’autres silences mieux découpés
Civière, bras inconnus, couloir, ciel, ciel
Tellement plus de feuilles sur les arbres
La ressemblance, trace et oubli
Dans cette histoire quelqu’un lance une flèche, s’en va mourir où la flèche tombe
Ou bien c’est un souvenir de forêt, de courage
Sereine Berlottier
David Alan Harvey
ne chercher
que le rythme lent
quelque part
entre la mer
et la peau
le jour se défait
en filaments pâles
l’ombre
comme en songe
se laisse frôler
et le silence si inondant
devient le cœur même
du paysage

Jean Louis Saiz
Debout mais
plus grande couchée moins
atteinte tout
recommence
Curieusement les oiseaux survivent les
fleurs survivent les arbres ne sont
pas arrachés ni la toile d’araignée
dans l’angle du volet secoué
L’écume vise
l’obstination d’une parole
que la répétition
ne désagrège pas
revient
sans venir à bout d’une
phrase
qui dirait
l’épuisement
du rivage
mère-vague et tempétueuse
Sereine Berlottier
Jean Louis Saiz
dans
la blancheur
du songe
pas de mot
pas de cri
pas même
un nom qui viendrait
creuser une explication
seulement
le silence
épais
comme une main pleine
de lumière
et ce souffle –
baume
sur la plaie encore
ouverte

Pierrette Bloch