Chaque jour
en rentrant à la maison
je n’arrive pas à reconnaître les saisons
pourtant les roses la neige le raisin
il y a ta voix pourtant
à chaque fois des décennies passent
comment faire
je ne m’en souviens pas
Mia Lecomte
Araki
Chaque jour
en rentrant à la maison
je n’arrive pas à reconnaître les saisons
pourtant les roses la neige le raisin
il y a ta voix pourtant
à chaque fois des décennies passent
comment faire
je ne m’en souviens pas
Mia Lecomte
Araki
des ailes défiant les secondes
volent dans mon jardin
pour le doux nectar
et l’air vif
du chèvrefeuille taillé
lune basse et hautaine
de ce dernier jour d’août
première personne, singulier –
un amour non partagé
Elis Podnar
Viet Ha Tran
Sous la balançoire
deux sillons parallèles
tracés à coups de pieds
comme coups de dents
dans un fruit vert
la terre labourée exhale le jeu – l’envol à peine
pendule entre ciel et terre
la chanson du bois ouvre sur tant de mondes
dans le grincement des cordes
se lève la brise du large
les voyages de l’enfance
sans frontières ni langage
une planche dans le désert
source des imaginaires innocents
Ada Mondès
Alain Laboile
voyage
du souffle de la poitrine
à la mer
le temps oublie
enfin
son décompte immarcescible
et dans le vent où la langue se tord
s’incline
l’ombre
bouffie d’orgueil devine
la lumière

Bernard Drouillet
l’œil
le long du soir
se mêle à la rumeur des pierres
à la poussière
du ciel qui prend feu
il égrène les ombres lasses
les lieux
par où l’amour est passé
il a le goût de l’encre noire –
n’en déplaise à sa propre écriture
il se souvient
autant du miroir tremblé
que du visage en-dedans
qui pleure

la mer
plus sourde
plus lente
avec un trait d’écume
sans cesse
à l’abord du rivage
l’air retient
la chaleur du jour
la main s’y accroche
comme un oiseau au ciel
le silence
du poème pour ne rien
érafler

Valentina Luraghi