Muse / 1



quelqu’un

peut-être toi

ramasse la flèche

et la porte à ses lèvres

elle y trouve

un reste de chaleur

humaine

un visage

dont elle connait

le nom

Jack Davidson

Tard


de ce que

l’hier était –

murs meubles

lumière objets

sans vie

il ne reste

que le fauteuil et

la table d’où

je t’écris

Chase Middelton

Au feutre


dans le fatras obscur 

des images – es-tu

seulement couchée ?

au loin

coraille un oiseau

de proie  

quelque chose imbibe la nuit

la distance

ou peut-être le silence – buvard d’un cri

teint à froid

la lumière faiblit

le destin entre

dans la chambre

silencieux

il s’assoit

Marie Bouttier

Je me mens


de ma place

je vois

sur la table

l’homme qui marche 

et la verseuse pleine

de café noir

aussi ces oiseaux

gonflables

accrochés aux branches

des yeux – les tiens

qui fuient par

le côté

la grille est ouverte –

peut-être

est-ce la veille

ou le jour d’après 

Egon Schiele

La grande bellezza


des traits

remontent le soir

en surface

un souffle

un mot à demi

parfois les rendent

à la vie

d’autres fois

ce sont

des corps entiers

qui reviennent

jusqu’ici

rêver à pas lents

James Reddinton

Avent

à l’origine

les mains roses

et les gestes

inachevés

des visages

au fond de l’eau

la voix plus que

la langue


le simple désir

un jour

d’être soldat

Polina Washnington

Kodokushi



sur la feuille

j’écris –

« la maison

de la mort

est faite

pour la vie »

Boris Mikhailov

Vers les abysses



avant

l’endroit grouillait

de ces femmes-poissons

que les marins disent

sirènes

il y avait

des épaves pleines

de mauvais or

on entendait

les chants plein de joie

 et d’ivresse

la lumière semblait

si proche

tv5

 Trent Park

La Reyssouze


le nom

de ceux

à demi-nu

qui entreront

fièrement

dans l’eau claire

les cheveux

pris de lumière

les pieds

aussi pâles

que des tessons

de lune


ils riront

jusqu’au soir

malgré

les voix

au loin

qui appellent

Carlo Zinelli

Tard

.

puisqu’

il t’appartient

de te pencher

sur l’abyme

tu cries

.

tu cries

dans le vent

tu cries

la saison

qui s’achève

tu as raison

tu cries

à l’oreille

tu as raison

tu cries

le poison de la bouche

tu cries

le mensonge

et la peur de vivre

.

tu as raison

Marie Dashkova