(de) Jardins des vertiges


Pourquoi rien

Pourquoi quelque chose

Pour qui ces arbres


Et les mots

pourquoi les assembler

pourquoi pas


Les fleurs attendent

le bouquet


Et le sexe attend

le lever d’une aube


Laisse mon souffle devenir

le verbe de l’attente


Claudine Bertrand

Massimo Leardin

six



amour

désir amour

désir d’amour

désir

amour du désir

amour

désir du seul amour

amour du désir seul

amour –

quelle était ta question

déjà

Dwight Mackintosh

cinq


l’or du matin

dissipe

les visages de la nuit

m’animant

je tire

le songe vers le papier blanc

mais sitôt

sortant de sa cage

la bête silencieuse

revient

Bruno Munari

Trois haïkus


J’ai aiguisé les lames

Mon regard, à mon insu,

guette les fleurs.


Un parapluie noir

A côté du porte-parapluie

Anniversaire de la réédition


Clair de lune d’hiver

Nous nous couchons

comme un frère ainé avec sa petite sœur.


Amari Oki

Christian Michael Filardo

(de) L’herbe qui tremble

Flous dans l’ombre

du demi-jour

feuillages roux et clochers

forêts flétries

me poussent au voyage

Je sais déjà

que l’automne sera long

où j’écouterai la nuit me parler

d’éternel retour.


Christophe Mahy

André Lichtenberg

trois


au plus obscur

descendent les scripts

de l’intime

ils vont

jusqu’aux lieux défendus

d’où nous regardent

incrédules

des créatures informes

qui disent être

nos semblables

le silence

de leurs voix fondues

dans l’oubli

Bekki Komei

deux



un visage resurgit

caché sous la peau

bouche froncée de peur

œil noyé

jusqu’à l’effacement

sueur tiède et rance

la joue appuyée

sur une main – simple prothèse

qui pend au bord

d’un creux

Ataa Oko

(de) Langue de chien



J’ai dû le dire,

j’entends et je le vois.

A cinq ou six faces

j’en perds mon crayon.

Non. Non, ne me dites pas que c’est

dans ma tête.

J’ai dû le dire,

il se meut et je me glisse en lui.

Non. Non pas sur terre, mais sous le jour,

à cinq ou six pattes.

Ne me dites pas que c’est dans ma tête

je ne vois qu’une chose –

je ne vois que lui.

Dominique Maurizi

Charlie Bobo

(de) Ecris la vie


ce bout de route

devant moi

plus proche de la nuit

la vraie

la véridique

je ralentis le pas

je fais semblant

d’admirer le paysage

Ruse de vivant


Abdelatif Laâbi

Dolly Faibyshev