(de) Peau



on marche dans le jardin


il y a peu à dire


seulement voir la lumière

sur la haie de fusains


un reste de pluie brille

sur les feuilles de lierre


Antoine Emaz

Anthony MOREL

(de) Ancestrale


Je ne savais pas que le fond

n’est pas noir

que le jour

n’est pas blanc

que la lumière est

aveugle

et que s’arrêter c’est courir

encore plus


Goliarda Sapienza

Ludwig Nikulski

Cendres (3/9)


SON REGARD SE VOILE

et aussitôt

nos voix cessent

je scrute

le blanc de la chambre

jusqu’aux montagnes

par la fenêtre

autour du lit

les anges assis

sourient

plus tard –

ou après

j’écrirai


Chemins, à demi – les plus longs*

Nek Chand


* Paul Célan

Cendres (2/9)


DANS LA BÉANCE

lieu saturé

de cris

et de couleurs

vivent

au bord même de l’effacement

les monstres de laideur

ils sont

selon

dedans

dehors

ou pas

ils sucent – dis-tu

le blanc de nos silences

ils attendent

muets

l’heure qui renonce

Jean-Pierre Cobra

Cosmonaute


livrée

à elle-même

la main esquisse

une forme grise

et oblongue

qu’elle visse au silence

par le coté

un scaphandre aussitôt suit

dedans

un visage – ou son idée

nous sourit

pour la main

le temps se tient là

éteint

elle écrit –

l’univers ne répond pas

Armand Schultess

(de) L’enfant de la falaise


y a-t-il encore, toujours, une enfance au-devant de nous ?

l’enfant peut-il guérir de la douleur d’aimer ?

il dessine une plaine qui s’évase et ravit au loin l’image d’une montagne

les pieds dans l’herbe bleue et l’eau froide fuyante

l’enfant rêve une errance

parfois les mots s’effondrent et le monde vacille

et la cité de verre, de fer, de béton, de fumées traverse et troue le corps de l’enfant déchiré


François Coudray

Claire Dias Lachèse

(de) Langue de chien


CES heures, sentiers noirs,

pendant lesquelles tu dors,

ces heures d’épines – tu dors,

tu dors – où, sentiers noirs,

sonnée, piquée, brûlée,

là –

j’entends tout.


Pendant ces heures où –

chardons sauvages

suis griffée, piquée

je me lève d’un bond,

sentiers boueux pendant que tu dors,

je crains, je cours –

j’entends Tout.


Dominique Maurizi

Jamie Campbell

(de) Octobre



J’ai commencé

à progresser

dans ce poème



passé / présent

présent / futur



nous ne pouvons pas

tresser

broder

tisser

le mouvement réfléchi de la musique

et ce qui arrive exclut

la broderie



je veux être connue par un langage

épais d’un millimètre à peine :

haleine sur le miroir

bouche ouverte de la pluie



Hanne Bramness

Susanna Majuri

Quatorze


de l’énoncé de soi


défaire

déclasser

déranger

desserrer

dénouer

détordre

désunir

dénuder

dévoiler


peut-il

advenir un autre

Je

Janko Domsic