le pas posé
sans témoin
la main laissée
ouverte
de quelque chose
qui ne promet rien
insiste
plus que le poing levé
ou des mots trop sûrs
ce souffle
au milieu de la nuit

Kile Thomson
morceau d’une chose qui a été déchirée
le pas posé
sans témoin
la main laissée
ouverte
de quelque chose
qui ne promet rien
insiste
plus que le poing levé
ou des mots trop sûrs
ce souffle
au milieu de la nuit

Kile Thomson
un trait d’écume
se forme
sous nos pieds
un geste
sans mémoire
qui revient –
dis-tu
sans que le rivage
ne se lasse

Constantine Manos
entendre
la rumeur des choses
sans ombre ni visage
tu dis –
le fond n’est jamais noir
il bruisse d’une clarté
que l’œil ne sait pas
nommer
tu dis –
le jour n’est jamais blanc
il porte en lui
le frémissement et le doute
tout y est mêlé
tu dis –
la pluie dans la poussière
le souffle dans la gorge
le sujet avant même que
la lumière soit levée

voyage
du souffle de la poitrine
à la mer
le temps oublie
enfin
son décompte immarcescible
et dans le vent où la langue se tord
s’incline
l’ombre
bouffie d’orgueil devine
la lumière

Bernard Drouillet
l’œil
le long du soir
se mêle à la rumeur des pierres
à la poussière
du ciel qui prend feu
il égrène les ombres lasses
les lieux
par où l’amour est passé
il a le goût de l’encre noire –
n’en déplaise à sa propre écriture
il se souvient
autant du miroir tremblé
que du visage en-dedans
qui pleure

la mer
plus sourde
plus lente
avec un trait d’écume
sans cesse
à l’abord du rivage
l’air retient
la chaleur du jour
la main s’y accroche
comme un oiseau au ciel
le silence
du poème pour ne rien
érafler

Valentina Luraghi
incassable est
le récit
où je m’enferme
chaque soir
un peu plus
pluie
poussière
un fil de lumière
léger
quelques mots
seulement –
juste assez
pour que mes yeux
dans l’eau
baignent

Jason Decaires
ton visage
se détourne vers un rang
de pierres desséchées
juste en dessus
la lenteur rousse boit
la lumière du soir
je te parle – encore des mots
sans adresse
ni poids
comme si les ronces étaient
la seule conscience
du jardin

Michel Dheurle
ce fil
mince de lumière
sur l’épaule du soir
le mur
s’empare de l’éclat
l’ombre cède
et sur l’envers
apparait
ce qui au jour
s’ouvre
en secret

Marchi
La fin du soleil rasoir
Le manteau d’arbres léopardés
Les lignes temporelles
Et
Un claquement de doigt.
Le village transpire
Les martinets nagent
S’étiole la compagnie.
Quand je suis devenue oiseau, je suis devenue martinet
Devant moi, vivait un peuple d’air aux sons bénéfiques
J’ai aimé disparaître, sortir du temps.
Marine Vassort
Clara Chichin et Sabatina Leccia