Jacques Izoard

 

« Le poème conduit, confusément, vers ce que l’on est.  Mais que d’échecs, que de chemins battus sans issue ! Nos mots les plus simples bougent, pourtant : vois le geste de l’a, le geste du b. Ainsi court la phrase, ainsi s’accroche-t-elle au papier. Pour tous, la poésie regorge de mots. A travers elle, nous sommes sains et saufs. Mais vit toujours la ville et ceux qui vivent ici, ceux qui disent « muscat », « coups pleuvent », « courants d’air ». »

Jacques Izoard (de « Vêtus, dévêtus, nus : poèmes »)

 

Soir

Ma Lucie avait-elle les pieds dans le ruisseau ?

Trois immenses peupliers

une étoile.

Le silence mordu

de grenouilles parait

une gaze piquée

de verts grains de beauté.

 

Sur la rive

un arbre sec

se voit fleurir en cercles

concentriques.

 

Et sur l’eau mes songes s’évadent

vers une fille de Grenade

 

Frédérico Garcia Lorca

Image El Nino