toi
le mal éclos
avec ce visage sans pli
sans faille
tes jours se remplissent
de bruits légers
de presque rien
et tu vis aujourd’hui
si loin que même la lumière ne peut
te traverser

Jean Dubuffet
C’est la vie qui vous fait mourir,
Ecriviez-vous dans ce poème où tout
Demeure à vif : le crépitement des trolleys,
La nuque de l’amante à son miroir
Et jusqu’à la jeune morte sur son lit,
Tellement sage qu’on ne sait plus
Si c’est le temps qui passe ou nous
Qui passons à travers lui, les mains vides,
Comme un train somnambule à travers
La campagne endormie – et le voyageur
Oublié dans le creux de ses bras
Est un lac au soleil de midi, un lac
Que rien ne trouble, pas même le reflet
Du corps penché qui tremble dans la vitre.
Guy Goffette
Thérèse O’keffe
je ne suis pas là non plus c’est vrai
alors je peux l’écrire
tu ne reviendras pas
je t’écris pour te dire à quel point enfin je sais
tu ne reviendras pas
Eric Sautou
Katrina Servoni
Et pour toute la vie
obsédant d’un non
qu’on a dit, l’aube inconnue
d’une autre absence et toujours
ce souffle intérieur, qui ronge
les os plus encore que n’importe quel
tourment, dans le vide de ton
nom, lente langueur
Roberto Veracini
Alice Attie
Enfermé tout l’hiver
Mon jardin est revenu
Dans sa jarre j’ai trouvé
Le visage des fleurs
Elles sont l’âme du oui
Que nos corps aiment.
Véronique Wautier
Julia Tatarchenko
le rêve
de quelqu’un d’autre –
cette fois
un homme nu – lui-aussi
descend un escalier
agrippé au bois de la rampe
mal en point et crevant de faim
ainsi projette-t-il
ce qui suit –
ah si j’avais été changé
en poisson ou en tournesol
j’aurais joui
d’une bien meilleure vie »

Franciam Charlot