Cendres (9/9)


UNE LARME

à demi

sur ma joue blême –

je n’ai jamais su bien dire

les choses

je les regarde

de loin

s’effondrer

j’habite

là où le rêve commence – ce corps

que l’océan emporte

et c’est après

toujours après

que le doute s’installe –


qu’allions-nous

faire là-bas / à quoi songeais-tu

dans cette voiture / à la nuit

au temps qui reste / à l’océan / à l’inachevé

aux monstres de laideur

à nos petites lâchetés


mort

l’es-tu vraiment

et quand bien même

pour combien de temps

?

Robert Adams

(de) La poésie commune

 

Il arrive parfois, seul, triste, un étranger.

Il s’arrête et l’on écoute ses récits doux,

Pleins d’herbes.

Il demande : « Vous ai-je dérangés ? »

Il voudrait repartir, mais il ne sait plus où.

Dans ses oreilles bruit la mer – des coquillages ?

Son front, ses yeux trop grands pour ce bas horizon,

Une raison encore de partir. Ses voyages

Sont là devant lui pleins d’océans, de monts.

On laisse ainsi tout doucement le soir descendre

Qui mélange les figures, les mains, les voix,

Devenues presque esprits…

L’âme pourra comprendre

Mieux – tel le toucher des aveugles –

cette fois.

 

Ilarie Voronca

Robert Adams