L’accalmie



ne chercher

que le rythme lent

quelque part

entre la mer

et la peau

le jour se défait

en filaments pâles

l’ombre

comme en songe

se laisse frôler

et le silence si inondant

devient le cœur même

du paysage

Jean Louis Saiz

(de) Au bord

Debout mais

plus grande couchée moins

atteinte tout

recommence


Curieusement les oiseaux survivent les

fleurs survivent les arbres ne sont

pas arrachés ni la toile d’araignée

dans l’angle du volet secoué


L’écume vise

l’obstination d’une parole

que la répétition

ne désagrège pas


revient

sans venir à bout d’une

phrase

qui dirait

l’épuisement

du rivage


mère-vague et tempétueuse


Sereine Berlottier

Jean Louis Saiz

Propos de l’après


dans

la blancheur

du songe

pas de mot

pas de cri

pas même

un nom qui viendrait

creuser une explication

seulement

le silence

épais

comme une main pleine

de lumière

et ce souffle –

baume

sur la plaie encore

ouverte

Pierrette Bloch

Alors que tout s’effondre – 5/5



le silence

énoncé

plus rien ne presse

je ne poursuis

ni la fuite

ni l’élan brisé

du serment un jour

fait

une ombre –

presque tendre

colle

à mon pas

puis file

comme l’eau mince

entre les pierres

SMITH

(de) Les bonbons pleurent


Avant je te disais

Je n’aime pas la perfection

mais j’aime l’absolu

J’ai vieilli et tout est devenu

flou

comme les nuits d’hiver quand on

n’ose plus s’éloigner de la lampe

de la chaise

de peur de passer le brouillard entre

les vivants et les morts


Sandra Lillo

Dolores Marat

Alors que tout s’effondre – 2/5


à l’angle

où presque

la lumière

basse

sur un pan du rideau

vacille

l’instant d’après sort

du cercle

je retiens mon souffle –

le désir aigu

de quelque chose

cette fois-ci

sans retour

Stephan Balkenhol

(de) Les colibris à reculons


Berge du lac de l’Ouest

rouges et bleus

tabourets d’enfants en plastique

thé aux pétales de lotus

son or entre les dents noires

des femmes aux yeux cataractés

à la noix d’arec le café

les grains de sucre raclent

le gosier des hommes silencieux.


Sabine Huynh

Bertrand Delay