A Philippe Jaccottet


Ce retrait

où garder

la lumière d’hiver

et l’obscurité,

les mots très bas

rendus à la terre,

un chant qui reste

à reprendre.

La terre

Garde

arbres, chemins ;

à terre,

restent

brindilles

et lichen

où s’accroche

sur le tard

l’or peut-être

de la lumière.

Reste

une note juste

de lumière

dans un carnet

des chemins.

La nudité

ne s’oublie

pas.

Pas.


Jean Gabriel Cosculluela

Basso Cannarsa

(de) Poèmes d’après



La voie tracée par les oiseaux

va d’une saison à l’autre


nous traversions des jardins

à contre-courant, vers l’enfance

les eaux claires


dans le bassin

nos jeux dispersaient

le cercle des pluies


fétu de paille, je savais brûler

quand toi, chêne d’hiver

accueillais la neige sur tes branches


Mes mains sur tes yeux clos

Là est le temple.


Cécile A. Holdban

Matthias Olmeta

Cendres (9/9)


UNE LARME

à demi

sur ma joue blême –

je n’ai jamais su bien dire

les choses

je les regarde

de loin

s’effondrer

j’habite

là où le rêve commence – ce corps

que l’océan emporte

et c’est après

toujours après

que le doute s’installe –


qu’allions-nous

faire là-bas / à quoi songeais-tu

dans cette voiture / à la nuit

au temps qui reste / à l’océan / à l’inachevé

aux monstres de laideur

à nos petites lâchetés


mort

l’es-tu vraiment

et quand bien même

pour combien de temps

?

Robert Adams

Cendres – épilogue



ASSISE

sur un carré d’azur

l’œil las

la bohémienne –

brûle-encens et tarots à nu

lance –

que veux-tu encore

ce que je dis

et que tu peux entendre

le voici –


le remords voile

les lueurs du matin

Hugo Pratt

Cendre (8/9)


DANS LA PARTIE BLANCHE

de ce que je célèbre

l’œil

pour celui qui endure

fait un dernier voyage

au cœur de l’océan

quelque chose

en moi

se détache du réel

mais la mort – je sais

n’eût pas été plus belle

là-bas

Rehaf Al Batniji

(de) Renverse du souffle



(JE TE CONNAIS, tu es très courbée

Et moi, le transpercé, te suis assujetti.

Où flambe un mot qui témoignerait pour nous deux ?

Toi – tout à fait réelle. Moi – tout entier folie)


Paul Celan

Bertrand Delais

Cendres (6/9)


IMAGE

que l’œil rend

à l’esprit –

la route s’efface

vers l’ouest

nuit sans bord

musique lointaine

presque rien

tu dors à l’arrière

je conduis

revenant au poème

je note ici –

bleue hier

aujourd’hui grise

la mer en songe

flateries

Jean Pierre Cobra

* Hanne Bramnes

Cendres (4/9)


DANS L’ERRANCE

l’œil troublé

j’implore

un signe

un geste

un reste de souflle

quelque chose pour te figurer

car dans ce qui reste –

vois-tu

tu n’as qu’un âge

tu souris

et tu ne portes jamais

d’ombre

Caroline Dufour

Cendres (3/9)


SON REGARD SE VOILE

et aussitôt

nos voix cessent

je scrute

le blanc de la chambre

jusqu’aux montagnes

par la fenêtre

autour du lit

les anges assis

sourient

plus tard –

ou après

j’écrirai


Chemins, à demi – les plus longs*

Nek Chand


* Paul Célan