(de) Paterson

 

Le feu brûle ; c’est la première loi.

Quand le vent l’attise, ses flammes

 

s’étendent autour. La parole

attise les flammes. Tout a été combiné

 

pour qu’écrire vous

consume, et pas seulement de l’intérieur.

 

En soi, écrire n’est rien , se mettre

en condition d’écrire ( c’est là

 

qu’on est possédé) équivaut à résoudre  90 %

du problème : par la séduction

 

ou la force des bras. L’écriture

devrait nous libérer, nous

 

libérer de ce qui, tandis

que nous progressons, devient un feu,

 

un feu destructeur. Car l’écriture

vous agresse aussi, et il faut

 

trouver le moyen de la neutraliser – si possible

à la racine.  C’est pourquoi,

 

pour écrire, faut-il avant tout (à 90 %)

vivre.

 

William Carlos William

 

Jim Jarmusch

« Je suis très attaché à l’idée que nous ne parlions pas tous la même langue. Non pas pour des questions d’appartenance ou d’enracinement, mais pour la richesse qui en découle. Quand j’étais étudiant à Paris, je me souviens avoir demandé à un ami de me traduire les poèmes de Mallarmé, et la version qu’il en donnait était délirante. Les images changeaient. Il trouvait des équivalences bizarres et ça créait une langue magnifique. C’est ce que j’aime dans la poésie : elle est difficilement traduisible. »

Jim JarmuschEntretien avec Laurent Rigoulet