on marche dans le jardin
il y a peu à dire
seulement voir la lumière
sur la haie de fusains
un reste de pluie brille
sur les feuilles de lierre
Antoine Emaz
Anthony MOREL
on marche dans le jardin
il y a peu à dire
seulement voir la lumière
sur la haie de fusains
un reste de pluie brille
sur les feuilles de lierre
Antoine Emaz
Anthony MOREL
.
journée
le soir absorbe plus ou moins bien son poids
voilà tout
.
la mer n’aide pas on entend son bruit
de fond de mémoire sans cesse
sa lessive habituelle
.
continuer
pour quel plus loin d’air quel
espace encore à ouvrir
avec les dents les mains les mots
.
ne pas laisser comme c’est
.
Antoine Emaz
Francesco Roméro
.
vrac intérieur
un jour ordinaire
et son poids
utile
.
on fait ce qu’il faut
sans recul
le soir
on boit on dort
.
il n’y a pas d’erreur
c’est la vie
.
Antoine Emaz
Peter Riesett
XIX
.
assez longtemps après
ce ne sont plus les dessins qui viennent
mais le bleu
.
vrai
il ne servirait à rien de retourner
.
il ne sert à rien même
de se retourner
encore
.
encore que
les arbres oui peut-être les arbres
le double platane
peut-être
le vent ou le rien des ces soirs
dans la vitre et cet espèce de calme
intense
.
Ce fouillis de feuilles
.
de quoi fait-il vraiment
se souvenir
on se demande
.
Antoine Emaz
» Alors écrire, en plus ? Cela ne résout rien, ne guérit pas ; je vois cela plutôt comme une mise à plat, une façon d’y voir un peu plus clair, de respirer un peu mieux. Une sorte de prise d’écart, de distance : je ne suis plus muet, j’essaie de dire pour moi et l’autre ce qui, d’habitude, nous fait taire.
Écrire-vivre, c’est partir de ma vie jusqu’à ce qu’elle s’adresse, par le poème, aux autres, à leurs vies particulières. Le poète n’est pas devant tout le monde, guidant le peuple et voyant plus loin ; il est derrière, aussi aveugle que les autres, mais il dit son aveuglement, et son refus. Ce n’est pas refuser qui le distingue, mais son dire. Donc tout le travail consiste à rejoindre le commun en partant du singulier. Voilà le boulot d’écrire. Non pas exacerber l’individu, mais à partir d’une vie, que le poème sauve aussi comme vie personnelle, aller vers un vivre qui soit commun, collectif, une condition d’homme, si on veut. Si le lecteur ne se reconnaît pas dans le poème, j’ai raté ; si je ne me reconnais plus dans le poème, j’ai raté également. C’est assez simple. »
Antoine Emaz – les entretiens in-finis