Muse / 8



imagine

que l’oiseau

revienne

et s’élève au-dessus

de nos têtes

imagine que le ciel

lentement

se reforme autour

de l’oiseau

et que toi

tu marches

au bord du vent

ta main

dans la sienne

Alex Fleming

Muse / 7



rien

ne sépare plus

la terre du vent

le souffle

de la source

tout se confond

désormais

dans la lumière

du matin

et nous –

de nous-même éperdus

marchons

hors de nos murs

innocents

Sophie Mabille

Muse / 6



un souffle

traverse

le silence de la terre

la lumière hésite

glisse

derrière les sommets blancs

c’est étrange – dis-tu

on dirait

que l’hiver se souvient

de nous

NC

Muse / 5




nous dormons

sous mes paupières

nous marchons

sous les ailes du vent

nous effleurons

les buées d’automne

nous suivons

l’eau qui coule de nos mains

nous allons

plus loin que loin

nos yeux découvrent

la beauté du matin

Caroline Dufour

Muse / 4



la nuit

sculpte dans l’air

un être

de fugue et d’absence

je le vois naitre

par la fissure du sommeil

chacun sait pourtant

que rien ne traverse

la blancheur

des rêves

Clarence Hudson White

Muse / 3



le jour

lentement respire

entre deux arbres

l’instant est là

nu

on dirait

que le monde s’y tient

tout entier

même un nom – venant

serait comme un souffle

sur la poussière

d’or

Maria-José Arjena

Muse / 2




tu arriveras

non du lieu

mais du soir

frémissant

l’instant sera

sans contour

rien ne sera dit –

le vent la poussière

même ces traces

dans le sable

tout cela ira

vers l’évidence

Veronique Van Hoorick

Muse / 1



quelqu’un

peut-être toi

ramasse la flèche

et la porte à ses lèvres

elle y trouve

un reste de chaleur

humaine

un visage

dont elle connait

le nom

Jack Davidson

Je cherche un mot 2/2



ce mot

sans bord ni creux

ne dirait pas le nom des choses

il serait un passage

et sans même ouvrir les yeux

tu saurais qu’il reste

quelque chose de sain et sauf

tu lancerais alors

dans un souffle à peine –

je n’efface rien

j’habite en moi

Caroline Dufour

Je cherche un mot – 1/2



je cherche

un mot –

poreux peut-être

qui ne nierait ni la nuit

ni les murs lézardés

ni les corps encore tremblants

d’avoir aimé

ce mot serait un tesson tiède

dans la paume ouverte

il pourrait

garder la beauté de ce qui fut

sans jamais rien

commettre

Caroline Dufour