Et le ciel parfois,
Qui submerge
L’oiseau.
Milène Tournier
Grant Harder
collection de poèmes pris au hasard (ou presque)
Et le ciel parfois,
Qui submerge
L’oiseau.
Milène Tournier
Grant Harder
Ça paraît mort
fait le mort
Une simple encoche
Voir si le camélia rouge
aux branches nues et sèches
est là-dessous
encore vert vivant sous
les cendres apparentes
Clélie Lecuelle
Yann Gaillot
Nos souffles puisent à la source
qui précède la fièvre
soutenue par le bond de lumière
tu pousses la question
qui t’élève déjà vers la pointe des vagues
ton corps est le navire
le silence me berce encore
je cherche son assise
dans la rumeur inquiète
repasse mes contours sur les lignes flottantes
Sabine Dewulf
Edvard munch
Chaque jour
en rentrant à la maison
je n’arrive pas à reconnaître les saisons
pourtant les roses la neige le raisin
il y a ta voix pourtant
à chaque fois des décennies passent
comment faire
je ne m’en souviens pas
Mia Lecomte
Araki
Sous la balançoire
deux sillons parallèles
tracés à coups de pieds
comme coups de dents
dans un fruit vert
la terre labourée exhale le jeu – l’envol à peine
pendule entre ciel et terre
la chanson du bois ouvre sur tant de mondes
dans le grincement des cordes
se lève la brise du large
les voyages de l’enfance
sans frontières ni langage
une planche dans le désert
source des imaginaires innocents
Ada Mondès
Alain Laboile
: qu’adviendra-t-il de l’espace
qui m’appartient quand
je n’y serai plus ?
dans l’ombre.
sur le dos.
je me souviens.
je veux oublier.
je ne suis pas plus vieille
que je ne le fus jamais : détail de mon visage
dans le miroir gravé par mes ongles :
écouter dans l’ombre.
avec quelle peine
mon cœur bat.
Mila Haugová
Emmanuelle Becker
Au bord du
carré ébloui
les cassis odorants – coriaces – odorent
et je regarde
la pie sur l’herbe fraîchement coupée. Blanches
rémiges rangées sur le corps noir
beau ventre blanc et flancs quelle
mécanique suscite ainsi
ses saccades éblouissantes
m’étourdissent
Adèle Nègre
Lua Ribeira
J’ai marché avec les navires
me suis tenue près des ponts
on m’a jetée à la rue
avec les feuilles tombées des ormes.
J’ai possédé un automne
un nuage de lumière
près d’une sombre cheminée
et un nom étrange
que personne n’a pu deviner.
Leah Goldberg
Newsha Tavakolian
Je t’avais
dit
que nous creuserions
le ciel
ensemble
nous regarderons nous
endormirons sur
les 3 grèves il y a
longtemps nous avions
vécu dans les musiques
des cités très loin
tendions les cordes
te voilà
j’ai attendu
que l’on ouvre
la grille.
Peut-être nos
bouches à ronces
n’avaient pas encore
bu.
Esther Tellermann
JK Lavin
Je ferme à demi les yeux
je tends une main
et je divise
d’un coté
il y a l’empire
de la fenêtre
de l’autre
l’empire
de la porte
de même le pape
après la découverte
de l’Amérique
a partagé le continent
entre Espagnols
et Portugais
mais je ne suis pas
le pape
je suis
qu’un pauvre type qui est seul
et regarde.
Alberto Moravia
Jean Munoz