quatre



un homme nu

ruisselant

dans l’éponge d’un drap

et cette ombre tapie

dans son dos

l’ombre s’écarte

sourit

le songe devient

alors l’endroit où nous vivions

autrefois –

que fais-tu ici

me demandes-tu

d’une voix blanche

Josef Hofer

(de) L’herbe qui tremble

Flous dans l’ombre

du demi-jour

feuillages roux et clochers

forêts flétries

me poussent au voyage

Je sais déjà

que l’automne sera long

où j’écouterai la nuit me parler

d’éternel retour.


Christophe Mahy

André Lichtenberg

trois


au plus obscur

descendent les scripts

de l’intime

ils vont

jusqu’aux lieux défendus

d’où nous regardent

incrédules

des créatures informes

qui disent être

nos semblables

le silence

de leurs voix fondues

dans l’oubli

Bekki Komei

(de) Trajet d’une voix


Parfois la distance se réduit

à si peu

à presque rien

entre la réalité

et le miroir.

La métaphore est épuisée.

On a lissé la mer


Béatrice Giraud

Sejkko

Sur le bûcher


le souffle

du froid

la buée aux lèvres

la chambre boit les lueurs

de l’hiver

passe une heure

puis deux

j’hésite –

longtemps

j’ai cru

que nos vies

nous suivraient

que nos marées

peut-être

un jour

s’accorderaient

Caroline Dufour

Au vieux campeur


où l’œil

ne peut te reprendre

la rue ramène en silence

l’à-peu-près

des silhouettes de carton

se collent aux vitrines

d’autres

en affaires

piétinent près du tramway

le jour blanchit

et sur un banc

je pleure le temps où – vivant là

le destin me tendait encore

la main

Wilson Scottie

Voyage d’hiver



un rivage

désert

quelques nuages

fondus dans l’à-vif du soir

de la lumière mouillée

les senteurs ocres

du goémon

et la mer qui pousse

à nos pieds

Erwin Olaf

(de) Noir tenir

.

comme si

attisée

par un souffle

soulevée

d’abord nuée légère

nébuleuse qui monte voltige s’éparpille

retombe

noir pollen

indécis

ondulé de frissons


                                    (j’imagine n’ayant vu)

.

Danièle Faugeras

Marcello Cammi

L’admettre


ce mot

déposé

dans le pli des lèvres

ce ton

ses aises

le vêtement entrouvert

sa main dans les cheveux

le regard

toujours haut

cette manière d’apparaitre

toujours un peu

effleurée

Jesse Boyd-Reid