Terrain vague


c’est un espace

sans bord

sans fin

où des poignées de mots instables

jonchent le sol

un chemin de pas

hésitant

serpente entre l’oubli

et la joie

la lumière y est douce

le vent léger chasse au loin

les ombres

le sais-tu ?

suspendu à l’élan

je pourrais à jamais

vivre là

Olivier Debré

(de) L’œil se scrute »

.

arrachés

à la grotte

.

coupés

de la terre

par la soif

.

de la main

par le doute

.

du verbe

par les mots

.

coupés

de nous-même

par l’œil

insatiable

.

tant de fois

orphelins

.

et nous

cherchons

la mère

.

Charles Juliet

Olivier Debré

(de) L’écart qui existe

Perce un bruit de métal,

des volets qu’on tire.

Vent faible, ciel blanc démantelé.

J’aperçois la cour par les fentes,

le sapin encore haut contre le mur friable,

la pénombre, l’herbe rase.

Quelque chose encore

s’éloigne de ce que l’on sait.

Les nuée s’éventent lentement, les branches lisses.

Olivier Vossot

Olivier Debré

Je ne suis pas ici

 

Je ne suis pas ici

ici n’est pas

il n’y a pas d’ici

si ici était

je ne pourrais

marcher

ni faire paroles

ici est un prétexte

dire : je pars

est un mensonge

Il y a tant d’ici

qu’aucun ici n’est

et ne s’arrête

mais volatil

on ne l’attrape

ni s’y couche

ou s’endort

ici est un mot.

 

Jean Todrani

Image Olivier Debré à Shanghai