Ne pas savoir est Bouddha

.

jusqu’

au soir doucement sans lâcher

ta main

.

et ne rien dire

ne pas ouvrir les yeux

ne pas laisser la lumière décider

de tout

.

mille fois la rivière

mille fois la rivière

mille fois la rivière

mille fois la rivière

Caroline Dufour

Ici et là

.

le dimanche 

et la blancheur des rues

.

flottant

dans le lacis désert

arbres

grilles

lucarnes et

douce lumière

.

ou bien

indiciblement

le corps

au hasard qui pousse hors de

la portée

Yiannis Hadjiaslanis

Là-haut

.

l’azur

et la maigre volute

qui croupit au dessus de

nos têtes

est-ce

d’un pays banni

une âme lisant sur nos lèvres

ou un simple sac de cristaux oublié 

dans l’éther

Perrine Lievens

Aube

.

dans l’humide lumière

du matin

acccroché au maigre fil

tendu

de

.

ce qu’était l’hier – meubles

murs et luminaires

les choses à qui je prête vie – il ne reste que

le fauteuil et la table sur laquelle

j’écris

Chase Middelton

Le mOnde

.

n’as-tu pas envie

toi aussi

d’un rivage au feu

du couchant

.

sans dessein

de fouler le frisson

des vagues

.

ou encore

de faire silhouette avec

l’oiseau qui flotte

.

au vent

.

Anwar Amro

Au feutre

.

dans le fatras

des images obscures êtes-vous

seulement couchée ? coraille

l’oiseau de proie

.

une chose imbibe la nuit

la distance ou peut-être ces mots qui piétinent

dans le froid

.

plus en-dessous

le destin au fond de

son trou

Marie Bouttier

Poème réversible

.

sur un coin

de nappe est un visage à qui

je prête en quelques traits

un corps et la vie

puis

à mon tour

je me coule

dans l’épaisseur du papier

et nous voilà un long moment

tous deux sans mot dire

à nous départager

Joseph Hofer

.

Mise en abyme

.

de saigner

la langue avec des mots crânes

il advient que l’œil empiète

une proie

visage logé dans la partie basse

du miroir

corps en transit ou encore

cri sauvage qui divise en deux

la nuit

Laura Letinski

La suite

.

tel que je le vois

le monde n’existe pas

.

celui d’après non plus d’ailleurs

et sait-on vraiment ce qu’est la vie

d’avant

.

en surface

par intermittence

des choses reviennent mais

les mots majorés jamais ne remédient

au jour premier

Robert Vincent

Ce qui revient

.

.

par la masse

de mots projetés

ou de cet œil

sans cesse qui revient

en arrière

je nourris aussi

la béance du regret

chapé de silence

et sans le vouloir

du même bois

et de pareille tendresse

vois

je suis dans

ton pas

Fernand Michel